Congo (RDC): «Dieu seul me donne la force»

Depuis que son mari a été tué par des hommes des Forces démocratiques alliées (ADF), Gertrude* doit subvenir seule aux besoins de sa famille. Malgré sa détresse, Gertrude reste fidèle à Dieu, qui est sa force.

Le coût de la vie dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est extrêmement élevé. Gertrude et son mari pratiquent l’agriculture pour nourrir leur famille – malgré le risque d’être attaqués par des rebelles aux champs. À l’époque, elle vivait avec ses enfants dans une région voisine, tandis que son mari habitait Beni, dans la province du Nord-Kivu, où il vendait leurs produits agricoles sur le marché.

L’attaque
Ce jour-là, le mari de Gertrude était venu de Beni pour travailler avec elle et l'un de ses enfants dans les champs. Ils avaient presque terminé leur travail lorsque des hommes armés les ont attaqués. De nombreux groupes rebelles sont actifs dans l’Est de la RDC, mais les ADF sont connus pour attaquer les personnes – généralement des chrétiens – qui se rendent dans leurs champs ou qui y travaillent.

Lors de l’attaque, le mari a essayé de protéger Gertrude et son fils. «Je me suis cachée dans la brousse en espérant m’enfuir jusque de l’autre côté de la colline, mais ils m’ont tiré dans le pied. J’ai essayé de continuer à monter et j’ai reçu une autre balle dans le pied.»
 
Gertrude a refusé d’abandonner. Malgré les deux blessures, elle a fait une nouvelle tentative pour trouver une cachette. «Pendant que je montais la colline, j’ai reçu encore une balle dans le ventre. C’est là que j’ai perdu mes forces. De là où j’étais, je les ai vus enlever mon garçon et décapiter mon mari. Quand ils l’ont tué, je me suis sentie mourir intérieurement moi aussi. Ma première pensée a été pour les enfants. Comment allais-je pouvoir m’occuper d’eux?»

Sauvée par des soldats
Comme par un miracle, Gertrude a pu continuer à ramper et trouver une cachette. Quand les tirs ont cessé, elle est parvenue tant bien que mal à gagner la route voisine, où se trouvaient de nombreux soldats de l’armée régulière.
 
Ceux-ci l’ont emmenée dans le champ où, quelques heures auparavant, elle travaillait, heureuse, avec son mari et son fils, mais ils n’ont trouvé aucune trace du garçon. Ils ont ensuite conduit Gertrude dans un camp de la MONUSCO situé à proximité, où elle a reçu les premiers soins avant d'être transférée à l'hôpital.

Lutte pour l’existence
Avant l’attaque, Gertrude vivait avec ses cinq enfants à elle et les six enfants de sa sœur, qui a été tuée par les ADF en 2018. Désormais, la jeune veuve devait s’occuper seule de tous ces enfants.
 
Avant la mort de son mari, la vie n’était déjà pas facile. Mais maintenant, c’était devenu bien pire. «Depuis la mort de mon mari, je ne vais plus aux champs. J’ai trop mal au pied si je reste debout longtemps.» Pour s’en sortir, ses enfants font de petits travaux, par exemple dans les champs d’autres personnes.
 
«Je pense beaucoup à mes enfants... Il faut qu’ils aillent à l’école. Mais je ne peux pas travailler, et les enfants non plus ne peuvent pas m’aider beaucoup. Depuis mes blessures et la mort de mon mari, tout est difficile. C’est pourquoi je ne demande que des prières, c’est ce qui me fait tenir.»

Dieu est présent
Dans toute sa détresse, Gertrude reste fidèle à Dieu. Elle se souvient que sans Dieu, elle ne serait jamais arrivée vivante jusqu’ici. «Le fait qu’Il m’ait sauvée du danger me donne l’espoir que Dieu est présent.»

«Je me suis posé beaucoup de questions, mais Dieu est bon, et cela m’a réconfortée. Dieu seul me donne la force de supporter cette douleur.»

Portes Ouvertes a aidé financièrement Gertrude à créer une petite entreprise. Elle a ouvert un magasin où les gens du village peuvent acheter des biens de première nécessité. Mais Gertrude et beaucoup d’autres ont besoin d’un soutien intégratif s’ils veulent rester dans l’Est de la RDC, agir en témoins de l’Évangile et demeurer fermes dans leur foi.